La vie monastique est facilement associée au Moyen Age, une époque où elle avait un rôle important dans la société. Mais
ce rôle a disparu et les moines existent toujours.
Ce simple fait indique que l'importance de la vie monastique se situe sur un autre plan que celui de l'action extérieure.
Le monachisme se dédie à l'humilité plus qu'au prestige, au silence habité plus qu'à la prédication, au retrait plus qu'à la visibilité.
La vraie aventure de ces hommes et de ces femmes est avant tout intérieure : par la prière, par le renoncement, dans la foi, l'espérance et l'amour,
surtout avec l'aide de Dieu lui-même, moines et moniales cherchent à ouvrir leur coeur de plus en plus à l'amour de Dieu et des hommes.
Et ça, à notre avis, c'est de tous les temps.
La vie monastique, une vieille histoire toujours neuve
Monachisme en Egypte aujourd'hui
Dès la fin du IIIe siècle de notre ère, c'est-à-dire à une époque où le christianisme est encore interdit et réprimé dans
l'Empire romain, des groupes de chrétiens vivent une existence ascétique dans les déserts d'Egypte et de Palestine, dans la chasteté, la
mise en commun des biens et le renoncement au superflu, et surtout la recherche de Dieu.
Au IVe siècle, les moines Antoine (pour les ermites) et Pacôme (pour les moines qui vivent à plusieurs) sont les pionniers
de l'instution monastique, qui se diffuse très vite dans tout l'Empire où les chrétiens ne sont plus persécutés. On trouve
déjà des moines en Gaule, notamment sur les îles de Lérins, et près de Tours, où saint Martin a créé un monastère.
Au Ve siècle, les invasions germaniques et la chute de l'Empire romain d'Occident n'arrêtent pas la diffusion du monachisme.
Il est très actif notamment en Irlande, dont les monastères rayonnent sur l'Europe, grâce à des moines comme saint Patrick
et saint Colomban.
Au VIe siècle, saint Benoît de Nursie écrit sa
Règle, qui influencera profondément le monachisme d'Occident.
Au VIIIe siècle, les monastères sont déjà nombreux en Gaule.
Au IXe siècle, les invasions des Vikings détruisent de nombreuses abbayes. Mais les moines ne renoncent pas.
Par décision de l'empereur Louis le Pieux, la
Règle de Saint Benoît est étendue à tous les monastères d'Occident.
Au Xe siècle, fondation de l'abbaye de Cluny et installation des premiers moines au Mont Athos, la sainte Montagne.
Au XIe siècle, fondation de la Chartreuse, de Cîteaux et de Grandmont, qui donnent naissance aux Ordres monastiques correspondants.
Au XIIe siècle, l'Ordre de Cîteaux crée plusieurs centaines d'abbayes en Europe.
Au XIIIe siècle, tandis que l'apparition des Ordres mendiants (Dominicains, franciscains) donne un nouveau visage à la vie
religieuse, sainte Claire d'Assise renouvelle la place de la pauvreté dans la vie monastique féminine, en fondant l'Ordre des
Clarisses.
Au XVIe siècle, sous l'impulsion de la moniale carmélite sainte Thérèse d'Avila, l'Ordre du Carmel connaît une nouvelle vitalité:
de nombreux monastères de Carmélites sont fondés.
Au XVIIe siècle, les bénédictins et les cisterciens connaissent eux aussi des mouvements de réforme et de revitalisation.
Au XVIIIe siècle, la Révolution française entraîne la fermeture de tous les monastères de France et des pays atteints par
les troupes françaises. Mais certaines communautés s'enfuient en Europe centrale (les Trappistes), pendant que des communautés
féminines se cachent pour continuer la vie monastique en secret. La Révolution permet d'autre part de redistribuer les richesses
amassées en excès par certains monastères, et de supprimer certains abus, ce qui finalement aura rendu un service évident
à l'institution monastique.
Au XIXe siècle, les monastères renaissent en France, dans la pauvreté qui convient à des moines mais avec une grande vitalité.
Au XXe siècle, les Ordres et congrégations contemplatives (notamment ceux réapparus en France au XIXe siècle, l'Ordre cistercien de la Stricte
Observance, Congrégation de Solesmes, filiation de la Pierre-qui-Vire...) essaiment sur tous les continents.
Aujourd'hui, la vie monastique catholique recrute moins dans les pays de "vieille chrétienté" (Europe, Amérique du Nord), et
davantage là où le christianisme est plus jeune.
Mais l'essentiel se trouve au-delà des statistiques: dans le coeur de chaque moine ou moniale,
où brûle l'appel du Seigneur à Le chercher sans partage.
Hymne pour la fête de Saint Benoît Vivre à Dieu seul
par le choeur des moniales de Bonneval
Pour aller plus loin:
Jean-Paul II, sur la vie monastique:
«
Depuis les premiers siècles de l'Église, des hommes et des
femmes se sont sentis appelés à imiter la condition de serviteur du Verbe
incarné et ils se sont mis à sa suite en vivant de manière spécifique et
radicale, par la profession monastique, les exigences qui découlent de la
participation baptismale au mystère pascal de sa mort et de sa résurrection. En
portant la Croix, ils se sont ainsi engagés à devenir
témoins de l'Esprit, hommes et femmes authentiquement
spirituels, capables de féconder secrètement l'histoire par la louange et
l'intercession continuelles, par les conseils ascétiques et les œuvres de
charité.
En voulant transfigurer le monde et la vie dans l'attente de
la vision définitive du visage de Dieu, le monachisme oriental privilégie la
conversion, le renoncement à soi-même et la componction du cœur, la recherche de
l'hésychia, c'est-à-dire de la paix intérieure, et la prière continuelle, le jeûne et
les veilles, le combat spirituel et le silence, la joie pascale dans la présence
du Seigneur et dans l'attente de sa venue définitive, l'offrande de soi et de
ses propres biens, vécue dans la sainte communion du monastère ou dans la
solitude érémitique.
L'Occident lui aussi a pratiqué la vie monastique dès les
premiers siècles de l'Église, et il en a connu une grande variété d'expressions
dans les domaines cénobitique et érémitique. Dans sa forme actuelle, inspirée
surtout de saint Benoît, le monachisme occidental est l'héritier d'hommes et de
femmes nombreux qui, après avoir quitté la vie selon le monde, cherchèrent Dieu
et se donnèrent à lui, « sans rien préférer à l'amour du Christ». Aujourd'hui
encore, les moines s'efforcent de concilier harmonieusement la vie intérieure
et le travail dans l'engagement évangélique de la conversion des mœurs, de
l'obéissance et de la stabilité, ainsi que dans la pratique assidue de la
méditation de la Parole (lectio divina), de la célébration de la
liturgie, de la prière.
Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l'homme qui l'a découvert le cache de nouveau.
Dans sa joie, il va vendre tout ce qu'il possède, et il achète ce champ.