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La spiritualité cistercienne

La spiritualité cistercienne est pour nous un cadeau,
hérité de générations de moines qui ont cherché Dieu
avant nous...


Lectio divina

Une spiritualité en héritage

Les fondateurs de l'abbaye de Cîteaux (1098) étaient des moines bénédictins qui désiraient revenir à la règle de Saint Benoît (VIe siècle), à une simplicité de vie (une vie plus simple en tout cas que celle des grandes abbayes de l'époque, qui étaient parfois très riches), à une vie retirée des affaires et des honneurs, éloignée du bruit du monde et de ce qui n'est pas essentiel, pour que les coeurs soient le plus possible disponibles pour Dieu.

Dans ce but, ils ont créé des monastères loin des villes, dans des vallées souvent incultes; ils ont adopté délibérément un style de vie simple et même pauvre; ils ont voulu gagner leur vie par le travail de leurs mains; ils ont choisi à nouveau de "ne rien préférer à l'amour du Christ" (selon la Règle de Saint Benoît) comme l'avaient fait des générations de moines avant eux.
 
Robert, Albéric, Etienne, les fondateurs de Cîteaux
Robert, Albéric, Etienne, les fondateurs de Cîteaux
(Icône de P. Omer, de Scourmont)
 
Au milieu du cloître

Une vie monastique pour aujourd'hui

Nous ne vivons pas au XIIe siècle mais au XXIe siècle. Pourtant, nous pensons que l'héritage de nos prédécesseurs peut encore nous instruire:
  • ils nous disent qu'il est possible de consacrer sa vie à la recherche de Dieu,
  • ils nous rappellent que le Christ était pauvre et qu'il a conseillé au jeune homme riche de se débarrasser de son superflu pour le suivre (Luc 18,22),
  • ils ont su trouver Dieu dans sa Parole, dans leurs frères, dans la Création... pourquoi pas nous,
  • ils nous disent que Dieu est "l'unique nécessaire" (Luc 10,42).
La vie cistercienne aujourd'hui, c'est chercher Dieu à travers la vie en commun, le travail, la prière personnelle et la prière commune, la lecture, l'admiration de la Création (la nature), l'attention incessante aux autres et à Celui qui désire que nous l'accueillions:

Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je prendrai le repas avec lui, et lui avec moi. (Apocalypse 3,20).

Pour aller plus loin...

  • Un reportage sur la spiritualité monastique cistercienne:



  • Un extrait d'un des textes primitifs de l'Ordre cistercien, le Petit Exorde:

    «
    Nous, les moines de Cîteaux, premiers fondateurs de cette Communauté, nous écrivons aux moines qui viendront après nous. Par cet écrit, nous leur faisons connaître comment ce monastère a commencé, et de quelle façon nous avons vécu en ce lieu. Nous racontons comment tout cela s'est passé, selon le droit de l'Eglise et avec quels supérieurs. Nous donnons le nom et la date des événements. Avec cet écrit, on pourra bien connaître la vérité sur le début de notre famille. Alors, ceux qui viendront après nous aimeront plus fortement ce lieu et notre façon de vivre la Règle. C'est Dieu qui nous a donné de commencer à mener cette vie. Nous avons supporté le poids du jour et de la chaleur, sans nous décourager. Nous demandons à ceux qui viendront après nous de prier pour nous.

    (...) En 1098, depuis que le Seigneur s'est fait homme, Robert est le premier abbé de Molesme, au diocèse de Langres. Avec quelques frères de Molesme, il va rendre visite à Hugues, homme digne de respect. A cette époque, Hugues est archevêque de Lyon et représentant du pape. Robert et ses frères promettent de mettre leur vie bien en ordre en pratiquant la Règle de saint Benoît, leur père. Ils veulent être plus libres pour y arriver. C'est pourquoi ils demandent avec force à l'archevêque de les aider. Ils lui demandent aussi de leur obtenir la protection du pape. Hugues se réjouit de leur projet et il donne son accord.

    (...) Après cette visite à Hugues, l'abbé Robert et ses frères reviennent à Molesme. L'autorité si grande et importante de l'évêque Hugues leur donne beaucoup de courage. Ils choisissent comme compagnons des moines qui désirent vivre selon la Règle. En tout, ils sont vingt et un. Il y a ceux qui reviennent de Lyon, et ceux qu'on vient d'appeler de Molesme. Tout ce groupe se rend, d'un pas léger, en un lieu désert, au diocèse de Chalon. Les gens le connaissent et l'appellent Cîteaux. Il est couvert d'arbres et de buissons d'épines. Personne n'habite là, sauf les bêtes sauvages.

    Ces hommes de Dieu arrivent donc en ce lieu. Dans leur coeur, ils ont formé le projet de vivre en moines. Ils sont venus pour cela. Ils trouvent un endroit que les gens méprisent et où personne ne peut habiter. C'est pourquoi ils le trouvent très bon pour leur projet. Ils se mettent à couper les arbres et à arracher les buissons d'épines. L'évêque de Chalon veut un monastère. Le propriétaire du terrain étant d'accord, les frères commencent à construire.

    Quand ils étaient à Molesme, les frères ont parlé entre eux, assez souvent, avec l'aide de Dieu. Ils se sont dit : "Nous ne suivons pas la Règle du bienheureux Benoît, le Père des moines". Ils regrettent cela et ils en sont tristes. En effet, eux-mêmes et les autres frères de Molesme ont promis de suivre la Règle de saint Benoît. Ils ont pris cet engagement solennel devant tout le monde. Pourtant, ils ne suivent pas du tout cette Règle ! Alors ils sont coupables d'une faute très grave - et ils le savent; ils ont fait une promesse et ne la respectent pas ! C'est pourquoi, nous l'avons dit, ils ont demandé au représentant du pape la permission de la réaliser. Tout de suite après, et très vite, ils arrivent ensemble dans ce désert. Ils veulent vivre totalement leur engagement monastique, et pratiquer leur Règle avec fidélité.

    (...) A partir de ce moment, l'abbé et ses frères n'oublient pas leur promesse. Ils décident d'organiser leur vie, ici à Cîteaux, selon la Règle de saint Benoît. Ils sont tous d'accord pour cette décision. Ils rejettent donc tout ce qui est contraire à la Règle.

    Ils rejettent tout ce qui leur semble trop beau, trop cher ou trop agréable et ce qui ne sert à rien.

    Pour les repas, ils veulent qu'on serve un seul plat. Ils n'utilisent pas d'aliments gras.

    Ils rejettent aussi tout ce qui s'oppose à la Règle vécue très fidèlement. Ils comparent chaque détail de leur façon de vivre avec ce que la Règle enseigne exactement sur ce point. Ils font cela pour ce qui concerne le service de Dieu et pour toute autre chose. Finalement, leur forme de vie suit bien les conseils que la Règle donne. Ils ont quitté ce qui est égoïste en eux, et chaque moine se réjouit de devenir un homme nouveau.

    Les frères de Cîteaux lisent la Règle de saint Benoît et le livre qui raconte sa vie. Mais ils constatent que le maître des moines n'a pas possédé de droits sur des églises ou sur des autels ; il n'a pas demandé des taxes sur les dons qu'on offre à Dieu ; il n'a pas été propriétaire de fours et de moulins pour vendre à des clients ; il n'a possédé ni grandes exploitations agricoles, ni paysans.

    Les femmes n'entrent pas dans les monastères. On ne venait pas enterrer les morts chez les moines, sauf la soeur de saint Benoît.

    Parce qu'ils ont lu ainsi la Règle et la Vie de saint Benoît, les frères de Cîteaux abandonnent toutes ces façons de vivre. Quand le bienheureux Père Benoît demande au moine d'abandonner les coutumes des gens du monde, il veut dire clairement ceci : ces coutumes ne doivent pas exister chez les moines, et leur coeur doit devenir libre. Ils portent le nom de " moines ". Ils doivent donc mettre en pratique ce que ce nom veut dire. C'est en abandonnant toutes ces choses qu'on devient moine.

    Petit Exorde (XIIe siècle)


  • Des livres:

     André LOUF, A l'école de la contemplation, Lethielleux, 2004, 233 pages.
    Un livre riche de l'expérience de dom André Louf, moine et abbé du Mont-des-Cats, et auteur de nombreux livres spirituels appréciés.

     Hervé BRIAND, Gaëtane de BRIEY, Vivre de la spiritualité cistercienne, Editions du Signe, 2010, 111 pages.
    Avec quelques rappels historiques, un livre plus axé sur la spiritualité des premiers cisterciens et des grands auteurs du XIIe s. Dom Hervé a été abbé d'Acey, Soeur Gaëtane était moniale de Clairefontaine et spécialiste des Pères cisterciens.

     La vie cistercienne : hier et aujourd'hui, Cerf-Zodiaque, 1998, 144 pages.
    Livre illustré sur la vie cistercienne.