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Contemplatives...



Pourquoi nous appelle-t-on "contemplatives"?

Engagement monastique

Engagement
monastique


Parce que contrairement à d'autres ordres religieux, les moniales cisterciennes ne font pas d'apostolat direct. Ou plus exactement, notre apostolat, c'est la prière.

On devine que "contemplatif" ne signifie pas "inactif"; comme tout un chacun, nous travaillons pour gagner notre vie. Ce travail se fait au sein du monastère. Entre autres occupations, nous avons pour cela créé une petite entreprise: la chocolaterie de Bonneval.

Pourquoi ne faisons-nous ni apostolat ni action caritative?

Le seul but de la vie monastique est la recherche de Dieu (cf. Benoît XVI, Discours au collège des Bernardins). Cette recherche est possible parce que Dieu, qui nous cherche lui-même mais qui respecte notre liberté, la désire et la demande : tu rechercheras le Seigneur ton Dieu, et tu le trouveras si tu le cherches de tout ton coeur et de toute ton âme (Dt 4, 29).

Dans le cas de la vie monastique, il s'agit d'une vocation particulière qui demande une purification de l'esprit et du coeur, une certaine concentration sur cette recherche, limitant les autres activités, comme le montre l'attitude de Marie de Béthanie:
Un jour, Jésus entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison. Celle-ci avait une soeur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : "Seigneur, cela ne te fait rien que ma soeur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider." Mais le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ; une seule est nécessaire. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée."
(Evangile de Luc, 10, 38-42)

Pour l'Eglise, la vie monastique est la recherche de cet "unique nécessaire", une forme de vie chrétienne un peu originale mais valable.


Moniale du XIIIe siècle contemplant l'Enfant Jésus et sa Mère

La vie contemplative, c'est garder de toute son âme l'amour
de Dieu et du prochain, mais aussi, laissant l'action extérieure,
s'attacher au seul désir de son Créateur.

Saint Grégoire le Grand, Homélies sur Ezéchiel, II, 2, 8.


Qu'est-ce que la contemplation?

La "contemplation" ne désigne pas la même réalité que la "vie contemplative", qui correspond en gros à la vie monastique.

La contemplation est une profonde relation à Dieu, un sommet de l'amour; ou, d'après un moine chartreux du XIIe siècle, c'est une certaine élévation en Dieu de l'âme attirée au-dessus d'elle-même et savourant les joies de la douceur éternelle (Guigues II le Chartreux, Lettre sur la vie contemplative).

On n'y accède pas par ses propres efforts, c'est un don gratuit de Dieu. C'est pourquoi la contemplation n'est pas réservée aux religieux dits "contemplatifs", bien au contraire.

Mais qu'est-ce que j'aime en t'aimant, Seigneur? Ce n'est pas la beauté des corps, ni leur grâce temporelle, ni l'éclat de la lumière - cette lumière si chère à mes yeux - ni les douces mélodies des cantilènes aux tons variés, ni l'odeur suave des fleurs, des parfums et des aromates, ni la manne et le miel, ni les membres faits pour les étreintes de la chair. Non, ce n'est pas tout cela que j'aime, quand j'aime Dieu.

Et pourtant il est une lumière, une voix, un parfum, une nourriture, une étreinte que j'aime, quand j'aime mon Dieu: c'est la lumière, la voix, le parfum, l'étreinte de "l'homme intérieur" qui est en moi, là où resplendit pour mon âme une lumière que ne limite aucune étendue, où se déroulent des mélodies que n'emporte pas le temps, où s'exhalent des parfums qui ne se dissipent pas au souffle du vent, où l'on goûte un aliment que nulle voracité ne fait disparaître, et des étreintes que nulle satiété ne désenlace.

Voilà ce que j'aime quand j'aime mon Dieu!

Saint Augustin, Confessions, X, 6


Pour aller plus loin:

Benoît XVI, à propos de la vie contemplative:
«
Après-demain, 21 novembre, à l'occasion de la mémoire liturgique de la Présentation de la Très Sainte Vierge Marie au Temple, nous célébrerons la Journée pro Orantibus ("Pour ceux qui prient"), consacrée aux communautés religieuses de clôture. ll s'agit d'une occasion particulièrement propice pour remercier le Seigneur pour le don de tant de personnes qui, dans les monastères et les ermitages, se consacrent totalement à Dieu dans la prière, dans le silence et retirées du monde. Certaines personnes se demandent quels peuvent être le sens et la valeur de leur présence à notre époque, où les situations de pauvreté et de besoin auxquelles il faut faire face sont nombreuses et urgentes. Pourquoi "s'enfermer" pour toujours entre les murs d'un monastère et priver ainsi les autres de la contribution de ses capacités et de ses expériences? Quelle efficacité peut avoir leur prière pour résoudre les nombreux problèmes concrets qui continuent d'affliger l'humanité?

Et pourtant, aujourd'hui, suscitant souvent la surprise parmi leurs amis et leur entourage, de nombreuses personnes abandonnent des carrières professionnelles souvent prometteuses pour embrasser la règle austère d'un monastère de clôture. Qu'est-ce qui les pousse à accomplir un pas aussi exigeant sinon le fait d'avoir compris, comme l'enseigne l'Evangile, que le Royaume des cieux est "un trésor" pour lequel il vaut vraiment la peine de tout abandonner (cf. Mt 13, 44)? En effet, ces frères et soeurs témoignent en silence qu'au coeur des activités souvent frénétiques de chaque jour, le seul soutien qui ne vacille jamais est Dieu, rocher inébranlable de fidélité et d'amour. "Todo se pasa, Dios no se muda" (Tout passe, Dieu ne change pas), écrivait la grande maîtresse spirituelle sainte Thérèse d'Avila dans un de ses textes célèbres. Et face à la nécessité diffuse que ressentent de nombreuses personnes, de sortir de la routine quotidienne des grandes agglomérations urbaines à la recherche d'espaces propices au silence et à la méditation, les monastères de vie contemplative se présentent comme des "oasis" dans lesquelles l'homme, en pèlerinage sur la terre, peut mieux puiser aux sources de l'Esprit et se désaltérer le long du chemin. Ces lieux, par conséquent, apparemment inutiles, sont en revanche indispensables, comme les "poumons" verts d'une ville:  ils font du bien à tous, y compris à ceux qui ne les fréquentent pas et en ignorent peut-être l'existence.

Chers frères et soeurs, rendons grâce au Seigneur, qui dans sa providence a voulu les communautés de clôture, masculines et féminines. Que notre soutien spirituel et même matériel, ne leur fasse pas défaut, afin qu'ils puissent accomplir leur mission, celle de maintenir vivante dans l'Eglise l'attente ardente du retour du Christ. Invoquons pour cela l'intercession de Marie, que, lors de la fête de sa Présentation au Temple, nous contemplerons comme Mère et modèle de l'Eglise, qui réunit en elle les deux vocations:  à la virginité et au mariage, à la vie contemplative et à la vie active.

Benoît XVI, Angelus du 19 novembre 2006.